dimanche 7 août 2022

DRAGEONS, partie I : "Les Sept Derniers Jours de Brest" 12/21

Cet été, découvrez en feuilleton la première partie de mon roman DRAGEONS. Chaque semaine, deux chapitres paraîtront sur ce blog.


Ici, le début du roman

Là, le chapitre précédent


Agenda d’Onésime Malouin, coopérateur de Brest


    Vanneri 31 jovial, château de Ker Stears

    12h32

    La situation se dégrade.
    Je me suis enfermé dans mon bureau.
    J’ai dans la bouche un goût de viscère froid.
 

    13h46

    J’ai le visage luisant, rouge de soucis. Je ne tiens pas en place, il faut que je trouve une solution.


    14h13

    Quand je pense que je me tue pour tous ces ingrats, ça me donne envie de dire amen à la forêt.
Seulement, je n’ai pas envie de ressembler aux vecteurs.

    Je me souviens quand ils partirent tous les sept. Ils étaient superbes avec leurs armures en bois tourné, leurs tuniques de plastalgue blanchis à la chaux de goëmon et tout parfumés d’eau de fleur d’oranger des jardins de la Penfeld. Ils remontèrent toute la rue Desiam, passèrent les remparts de Salouis, puis toute l’avenue Jangeau sur nos plus belles génisses. On se privait là de futures vaches laitières mais ça valait le coup, « on saura tout de la forêt » pensait-on. C’est moi qui avais sélectionné les vecteurs. Je les avais choisis parmi les meilleurs étudiants en botanique de la ville avec, en plus, de bonnes aptitudes à la course, à la natation et à toute sorte de compétitions sportives. De solides gaillards très intelligents.

    Maintenant, ils sont terrifiants. C’est la forêt qui se déguise en homme.


    14h27

    J’ai une maquette de Brest sur mon bureau. D’un coup de poing, j’en écrase la forêt en papier mâché. J’arrache les maisonnettes en carton de Samartin et je fais une boule de tout ça pour colmater la brèche du Stang Alar. Si ça pouvait être aussi simple…


    14h35

    De retour du cimetière, mon boisilleur en chef, Bill Kerreizh, m’informe que nos équipes ont trouvé quelque chose dans les sous-sols du cimetière. C’est peut-être ce que le vecteur principal recherche.

    D’après Kerreizh, le jeune homme complice de Diogène a été localisé dans le clocher de Samartin. « Nous l’aurons dans la soirée » m’a-t-il dit. Espérons qu’il n’en fera pas de la chair à pâté… Il s’est suffisamment illustré comme ça jouteri dernier. Sinon, toujours aucune trace du chien, mais ça c’est secondaire.

    Diogène est bouclé dans la tour Azénor de la forteresse Salouis.


    15h23

    Mauvaises nouvelles : les sinistrés du cimetière ont rejoint les rangs des révoltés sur les remparts. Tous les travaux du mur d’enceinte sont à l’arrêt et, pire, les vannes du barrage sont ouvertes : l’eau de la Penfeld inonde déjà Samartin. Bientôt tout Brest sera sous l’eau si nous n’agissons pas. Visiblement, les rebelles ont profité du jour de purge des vannes pour les laisser ouvertes en continu et manifester ainsi leur mécontentement.


    15h29

    D’après mes hommes, il vaudrait mieux se mettre à l’abri dans la forteresse de Salouis. Non seulement l’inondation va faire des dégâts jusqu’ici mais les révoltés ne vont pas tarder à s’en prendre au gouvernement. Il faut nous mettre en lieu sûr. Bill Kerreizh m’a dit : « Les insurgés sont de plus en plus nombreux. La colère gronde et les gens préfèrent monter avec eux sur les remparts plutôt que d’avoir les pieds dans l’eau. » Un garde a dit tout haut : « Du coup, l’incendie est bien éteint. » Je l’ai jeté dehors.

    Nous payons les frais de l’idée absurde et démagogique de Saul qui voulait à tout prix englober dans MON projet défensif tous les quartiers dissidents. Résultat : ils nous coulent.


    15h35

    Nos sympathiques séparatistes m’envoient, un peu tard, leur avertissement :

    « Nous, Guérinois, lançons un ultimatum à M. Onésime Malouin : Qu’il abandonne les affaires publiques, ou nous reprendrons la ville par un déluge. »

    Ça m’aurait presque amusé si nous n’avions pas déjà des coulées de boue aux environs du Stang Alar. Je leur ai envoyé ceci :

    « Chers amis,
    Je vous sais gré d’avoir fait précéder votre message d’une inondation causée par la rupture criminelle du barrage. Puisque vous semblez confondre menace et sanction, vous me laissez le loisir de mettre comme vous la charrue avant les bœufs et de gagner d’ores et déjà la guerre avant même de l’avoir déclarée.
    Par cette lettre, je tiens à vous certifier que nous nous retirerons des affaires publiques dès que vous aurez l’argent nécessaire à la réparation des dégâts par vous seuls engendrés. Connaissant vos finances, je crains que vous ne soyez contraints de vous armer de patience et de courber l’échine, faute de mieux.
    En attendant, veuillez recevoir, messieurs les criminels, l’expression de mes sentiments les plus austères,
    M. Onésime Malouin,
    Coopérateur de la ville de Brest »

    Ces imbéciles de Guérinois (ces muets qui, visiblement, ne sont pas meilleurs à l’écrit) se sont sabordés eux-mêmes. C’est quand même leur quartier qui trinque en premier ! S’ils ne réfléchissent pas plus que ça, ils devraient laisser tomber la politique.

    Je serai sans pitié. En ai-je déjà eu ?


    16h40

    Parce qu’ils me voient griffonner dans mon agenda, mes conseillers s’imaginent que j’échafaude un plan, que j’esquisse à grands traits une stratégie alors que je ne fais que me donner une contenance et passer mes nerfs sur le papier. Ils ne doivent pas être au courant qu’ici nous n’avons que deux palliatifs : l’algool et l’écriture, l’un pour oublier, l’autre pour se souvenir.

    Je remue un tas de choses dans ma tête. Je ne peux m’empêcher de songer à la proposition du vecteur principal, mais avant de céder, il faudrait déjà nous mettre en sécurité.

   J’ai donc pris la parole pendant le conseil de crise pour dire en substance : « Puisque nous ne pouvons ni quitter Brest ni nous battre contre les insurgés de Samartin, il n’y a plus qu’une seule solution : celle de se claquemurer dans la forteresse de Salouis en attendant que les choses décantent. (C’est le cas de le dire.) Ensuite, s’il y a lieu, nous combattrons.»


    17h50

    Evacuation du château de Ker Stears à 18h00. Nous regagnerons les fortifications centrales par l’ancienne voie ferrée, déjà presque noyée, mais qui a l’avantage d’être à peu près sûre. Les pompes sont déjà en marche pour écoper l’eau par-dessus les remparts intérieurs. Le procédé fonctionne mais mobilise pas mal de monde.

    Il ne me reste plus qu’à attendre le retour de mes hommes partis à la recherche du complice de Diogène. Une fois de retour avec leur prise, nous pourrons commencer le procès et prendre une décision pour l’avenir de la ville.

      Je n’ai rien emporté, sauf le document suivant que je connais déjà par cœur.

Entretien du coopérateur Onésime Malouin
avec le vecteur principal dans les serres
de l’ancien conservatoire botanique du Stang Alar
(le jouteri 30 jovial an XXVI)


    — Mon boisilleur en chef, M. Bill Kerreizh, va sténographier nos échanges.

    — Faites.

    — Bien. Qu’attendez-vous de moi ? Visiblement, vous n’êtes plus des nôtres. Servez-vous la forêt ?

    — Qu’entendez-vous par « servir » ?

    — Êtes-vous à ses ordres ?

    — La forêt ne donne aucun ordre.

    — Ne jouons pas sur les mots. Vous l’écoutez.

    — Il n’y a rien à écouter. Elle est parfaitement muette.

    — Bon, alors vous faites partie de la forêt.

    — Oui, M. Malouin. Nous poussons avec elle. Nous suivons son expansion.

    — C’est là le point sur lequel j’aimerais discuter. Pourrions-nous ratifier un traité pour limiter son expansion ?

    — Un traité ? Ce terme ne signifie rien pour nous.

    — Alors, Brest ne pliera pas le genou.

    — La forêt ne cherche qu’à s’étendre et à retrouver M. Saul Acedia.

    — Comment ?! Mais c’est à vous de me dire où se trouve Saul Acedia. C’était même votre mission !

    — Il ne se trouve pas en dehors de ces murs, mais à l’intérieur, chez vous. La forêt dirige toutes ses branches et ses racines vers lui, elle sent sa présence, elle l’appelle. C’est pourquoi son expansion s’accélère depuis quelques mois.

    — Je ne comprends rien et je commence à perdre patience. Où voulez-vous qu’il soit ?

    — A Brest, et c’est justement l’objet de ma visite. Depuis métali 28 jovial, un de nos hommes, feu M. Randernog, notre septième vecteur, s’est infiltré à Samartin dans le but de permettre à la forêt de prendre racine dans la ville. Si j’en crois la présence dans l’air du pollen issu de la forêt, dans peu de temps, notre collaborateur entrera en germination accélérée. Inutile d’éteindre les flammes végétales de cet incendie vert : vous aggraveriez le phénomène. Cherchez plutôt dans cette zone les restes vivants, j’insiste sur ces termes, de M. Saul Acedia. C’est le seul moyen qui vous soit donné de calmer la progression forestière.

    — Je ne comprends plus rien. Non seulement vous êtes des traitres, mais vous êtes fous.

    — La folie ne frappe que les êtres de raison. C’est un autre mal qui accable la forêt : elle dégénère. Dans ses fourrés, les règles biologiques élémentaires deviennent instables. La prolifération anarchique de ses cellules végétales la rend tout aussi dangereuse pour vous que pour nous. Elle se reproduit à l’infini en se clonant, en drageonnant, en dupliquant ses arbres par centaine de milliers. Elle croît en dehors de tout contrôle. Elle a soif de croisements génétiques, car son ADN se détériore. En un mot : elle veut se reproduire. Votre intelligence, vos calculs, votre mesquinerie politique ne l’intéressent pas. Elle veut Saul, c’est tout. Il s’est réfugié dans Brest et la forêt veut l’en faire sortir.

    — Pourquoi n’allez-vous pas le chercher vous-même puisque vous l’avez localisé ?

    — Les animaux ont certaines aptitudes que les plantes n’ont pas. Il est facile pour une plante de s’infiltrer, mais il est difficile pour elle de capturer un être vivant. Cela demande du temps. D’autant que M. Acedia n’est pas une proie comme les autres depuis qu’il a changé d’enveloppe charnelle. Cherchez, vous verrez, il est sous terre.

    — Parlons-nous seulement du même homme ?

    — Oui, mais nous ne parlons peut-être pas du même individu.

    — Je ne vous suis toujours pas.

    — Saul n’est plus un individu. C’est aujourd’hui un peuple, une armée, une multitude, une légion sous la terre.

    — Je ne sais pas quoi vous dire.

    — Tant pis, le langage a ses limites, contentez-vous de capturer ce que vous trouverez de Saul. Il le faut. Et surtout, maintenez ses corps vivants, nous les voulons vifs. Prenez-en le plus possible.

    — Que puis-je espérer en échange ?

    — La forêt ne troque pas, elle donne ou elle reprend. Pas de commerce avec elle.

    — Alors n’espérez rien. Nous garderons Saul et maintiendrons notre défense.

    — Il ne vous sera d’aucun secours. Il pourrait même se retourner contre vous. Il est dans votre intérêt de nous le confier. Nous ne voulons pas la guerre. Nous voulons vivre.

    — Ecoutez. Dites-moi à la fin ce que c’est que la forêt. Comment elle vit. Ce qu’elle fait. Vous nous devez bien ça. C’était votre rôle avant que vous ne deveniez transfuges.

    — La forêt est attirée par les êtres vivants et elle se dirige vers eux en rongeant les matières inertes et sans vie. Méfiez-vous des plaies, des blessures et des peaux mortes sur votre corps. C’est par là que le mal végétatif vous prend. Ainsi donc, la forêt s’avance de ville en ville, de foyer de vie en ressources minérales où elle trouve toujours à s’enraciner. Si vous voulez freiner son expansion, donnez-lui Saul Acedia, donnez-lui tout ce que vous retrouverez de lui en offrandes expiatoires, mais ne vous bercez pas d’illusion : votre sort sera pareil au nôtre. Cela commencera par une écharde sous la peau et, tôt ou tard, vous participerez à son avancée en marchant devant elle, avec ce qu’il vous restera de jambes et de pieds, jusqu’au jour où vous prendrez racine dans un feu de friches et de sève. Oui, vous ressemblerez un jour à mes compagnons que vous voyez là. Regardez comme ils sont mûrs.

    — Morts ?

    — Non, ils végètent. La forêt ne tue pas. Au contraire, elle vous offre une existence vivace ni meilleure ni pire qu’une autre. Au fil du temps, nous nous enterrons vivants. Contre la forêt, toute offensive est perdue d’avance. Nous en sommes la preuve vivante.

    — Attendez. Saul n’est pas de votre côté puisqu’il vous fuit. C’est donc notre allié.

    — Saul n’est ni un allié, ni un ennemi.

    — Admettons, mais dites-moi, dans l’éventualité où nous vous livrerions Saul, la forêt est-elle exploitable ? Vos réserves immenses de bois nous seraient nécessaires.

    — Je vous retourne la question : êtes-vous exploitable ?

    — Non, mais nous pouvons nous arranger.

    — Pas d’arrangement. La forêt ne souffre aucune compromission. Ou Brest se fond dans le décor, ou bien elle disparaît.

    — Cela revient au même. J’ai l’impression que vous cherchez à nous bluffer.

    — Encore un terme qui nous est étranger. Les rapports de force se sont inversés. L’homme est peu de chose aujourd’hui. Imaginez des bouleaux sortir de terre en une nuit comme des champignons. Leurs troncs, tout gonflés, pleins de sève comme des barriques. Il faut voir aussi nos fougères et nos prêles aux tiges musculeuses, aux feuilles épaisses et dentées. Chaque averse joue contre vous. La forêt grandit. Réfléchissez, puisque c’est une occupation dans laquelle excellent les hommes mais, à votre place, si je ne voulais pas finir comme mes camarades, j’abandonnerais bien vite mes fonctions pour satisfaire ses volontés. De toute façon, vous servirez la forêt, d’une manière ou d’une autre. Soyez réaliste, tout le littoral devient forestier et pousse dix fois plus vite qu’à la normale. Même la rade est envahie par les algues. Le paysage entier est plongé dans un brasier de verdure ; de Sizun jusqu’à Landerneau, on ne met pas un pied devant l’autre sans qu’un arbrisseau vous transperce la voute plantaire. Voyez ces séquoias géants de plus de trente mètres de haut s’agiter comme des flammes, avec à leurs pieds des fourrés d’un noir profond.

    — Mais nous avons des murs avec des fossés et la deuxième enceinte sera bientôt terminée, vous verrez ! Il ne reste plus qu’à terminer la portion du Stang Alar…

    — Pour quoi faire ? Un vecteur s’est infiltré et les nuages de pollen passent au dessus des murs les plus hauts.

    — …

    — Tous les hommes de l’Outre-Brest sont devenus nomades. Ils errent loin de la forêt, dans de rares clairières. Ces vagabonds ont abandonné corps de ferme et villages et la plupart ont perdu l’esprit. Quant à vos murs, ils ne repousseront rien. Vous êtes à la merci de la forêt.

    — Nos poudrières tournent à plein régime, nos canons seront bientôt prêts à cracher le feu. Nous avons des caves pleines de boulets en fonte qui iront fracasser toutes vos futaies. Il y a aussi la milice urbaine, composée de boisilleurs expérimentés qui ont été spécialement formés pour combattre au corps à corps la forêt ! Autour de Brest, la terre a été brulée, appauvrie et cimentée, la forêt ne pourra pas venir y étendre ses racines. Nous avons pensé à tout, et nous avons fait du chemin pendant votre longue absence. Nous serons bientôt prêts à vous tenir tête.

    — Les fougères entament déjà le goudron à l’est de la ville et, bientôt, les ronces et les érables envahiront les routes ; les égouts déborderont de mousse et de lichen.

    — Nous repousserons cette vague verte.

    — On ne repousse pas une vague. On passe à travers. Si on la prend de face, elle vous submerge.

    — Ecoutez, vous avez passé des mois en pleine brousse et vous noircissez le tableau, c’est normal, vous êtes encore sous le choc. C’est l’immersion dans cette jungle qui veut ça. Mais je vous assure que nous parviendrons à endiguer la forêt. Pour ça j’ai besoin de prérogatives et de plus de pouvoir, et j’ai surtout besoin de la confiance de tout mon peuple…

    — On dirait que la forêt vous donne l’art de la langue de bois, monsieur Malouin.

    — Pas du tout. Il faut remettre le pouvoir au centre. Nous avons un château et des murailles, il faut quelqu’un pour gouverner. Du temps de Saul, la politique était différente, les enjeux n’étaient pas les mêmes. Le bourgmestre agissait en coulisse. Aujourd’hui, il faut qu’il soit sur le devant de la scène. Saul disait toujours qu’un homme politique se doit de rester dans l’ombre quand la ville est dans la lumière. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. L’équilibre est rompu. Saul n’était pas le sauveur de Brest, seulement son gardien. Il faut changer la donne, vous comprenez ?

    — Non seulement votre ambition est démesurée mais vous avez l’esprit obtus.

    — Vous devriez me parler sur un autre ton. Vous savez bien que je ne suis pas tout seul et que je sais déléguer. La Sûreté est assurée par Diogène Savète et cet homme, là, qui prend des notes, est mon bras droit.

    — Diogène vous a déjà trahi. Il a fini par se rallier aux indépendantistes de Samartin. Vous êtes aveugle.

    — …

    — C’est regrettable, vous n’avez en bouche que des mots de technocrate. Revenez vers nous quand vous aurez réfléchi. Nous espérons que vous aurez pris votre décision rapidement.

    — Décider de quoi ?

    — De l’avenir de Brest. Rapportez-nous les restes vivants de Saul. De toute façon, quand vous verrez les dégâts causés par Randernog, vous vous raviserez. Ce n’est pas Brest que la forêt veut. Elle veut son ex-dirigeant, cet être multiple. Donnez-le nous. Nous sommes encore six, six à pouvoir nous faufiler sous vos murs pour semer la reforestation.

    — …

    — Nos rameaux se multiplient, tendez la main et rentrez dans notre cercle. La forêt sait montrer figure humaine, à condition que la chair des hommes se fasse sève et chlorophylle.

    — …

    — Vous en convenez vous-même. Les mots vous manquent.

    — …

    — Votre programme d’autarcie vient d’atteindre ses limites.


Fin de la retranscription



    Je ne me reconnais même plus dans ces paroles que j’ai tenues hier soir. Elles me semblent vieilles d’un siècle. C’est comme si j’avais déjà capitulé.

    Le document ne mentionne pas la fin abrupte de cet entretien. Elle vaut d’être écrite : dans un coup de sang, j’ai demandé à Bill Kerreizh de faire feu sur le vecteur principal. Touché en pleine tête, la blessure s’est immédiatement coagulée dans un mélange épais de mousse et de sphaigne. Défiguré, le traitre a dit, indemne : « Ne tirez plus, vous aggravez mon mal. »

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