lundi 20 décembre 2021

La Résidence, haïkaï

 


Les charpentes plient
Sous le poids des lucarnes
Et les ardoises noires vivent aux crochets du toit

Le pan des maisons grises a son appentis
D'écorces et d'arcanes
Encadré d'un porche

Une fenêtre n'en dit pas plus long
Qu'un miroir imbu d'un mauvais bleu vert
Carreau borgne ou songeur
L’œil plus gros que le réverbère
Au-dessus des pelouses
Tondues ras

Les pavillons se reflètent dans les jardins
Paysages d'aquarium sans homme

Rien n'est haut et ce qui est bas se voit
Un grand ensemble de caprices
Parcelles exactes
D'angles droits qui s'évitent
Au coin de la rue

De temps en temps il y a un arbre à l'écart
Ses fruits remplissent les poches du caniveau
Dessous la grille l'humus brille
Au milieu des papiers gras

Les migrations se multiplient à vol d'oiseau
Les merles aussi s'installent en périphérie
Ils rivalisent
A vol d’œil
Au-delà du cercle des cours désertes

Le printemps a grignoté le tour des dalles
Le goudron mat s'émiette
En graines noires qui fanent avant d'avoir germées

Ici le bruit de la ville s'en tient
A la chaleur enveloppante d'un camion poubelle

Pour la jeunesse inquiète des centres-villes
Une résidence ne répand qu'au beau temps
Le crépi blanc
De ses murs
Au soleil

lundi 6 décembre 2021

Le Parc, reverdie


À mon père                
  
Le jardin aussi a ses nervures             de verdure
Des morceaux de courbes éclatés dans le gazon
Entre deux quartiers de ciment frais
Ces grands arbres ont fait office de piliers
Ils sont les toits           les édifices
Des parcs où leurs souches se crispent
Des esquisses de saisons dans les branches
Et par terre      plantes grasses aux feuilles bien léchées
Aux fleurs vivaces
Les buissons de ronces ont perdu le chemin de leurs tiges
Ils n'en vont pas moins en eux-mêmes
 
Un saule pleureur a froncé le sourcil dans l'étang
Plus loin sa racine monte à la surface
Prendre un peu d'air     à la manière     d'un mammifère marin
Des papillons de chou                        semés à la volée

Dont pas un seul encore n'est retombé

Et les carpes grasses ont dérougi         couleur mie de pain
Dans leur bassin vert
Vert d'avoir réfléchi trop longtemps
Les aiguilles du grand pin
Dont les rameaux grattent jusqu'au sang
Le tronc des peupliers en croûtes
 
L'air de la ville alourdi de pollen
Monte en graines sur le mur d'un cabanon
Flore intestinale urbaine
De pissenlits sales et de liserons
 
Mais l'odeur d'eau figée
Des pâquerettes inodores
A libéré le cri du geai
Qui se rengorge sur la cime du sapin


Au clair de la lune, pantoum (I,8)

  Au clair de la lune Loin dans la campagne L’ombre est jaune et brune Et la peur vous gagne Loin dans la campagne La nuit geint, maussade E...