À mon père
Le jardin aussi a ses nervures de verdure
Des morceaux de courbes éclatés dans le gazon
Entre
deux quartiers de ciment frais
Ces grands arbres ont
fait office de piliers
Ils sont les toits les édifices
Des parcs où leurs souches se crispent
Des esquisses de
saisons dans les branches
Et par terre plantes grasses aux feuilles bien léchées
Aux fleurs
vivaces
Les buissons de
ronces ont perdu le chemin de leurs tiges
Ils n'en vont pas moins en eux-mêmes
Un saule pleureur a
froncé le sourcil dans l'étang
Plus
loin sa racine monte à la surface
Prendre un peu d'air à la manière
d'un mammifère marin
Des papillons de chou semés à la volée
Dont pas un seul encore n'est retombé
Et les carpes
grasses ont dérougi couleur mie de
pain
Dans leur bassin vert
Vert d'avoir réfléchi trop
longtemps
Les aiguilles du
grand pin
Dont les rameaux
grattent jusqu'au sang
Le tronc des peupliers en croûtes
L'air de la ville
alourdi de pollen
Monte en graines sur
le mur d'un cabanon
Flore intestinale
urbaine
De pissenlits sales
et de liserons
Mais l'odeur d'eau
figée
Des pâquerettes
inodores
A libéré le cri du geai
Qui se rengorge sur la cime du sapin
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