dimanche 24 décembre 2023

Échecs circulaires : Le Créateur

 

Poème échiquier entourant un hexagramme du Yi Jing

Sensation grave en place utile exige une implacable
Fatigue à mesure que j’admets mon œil
Vissé au caractère le ressort de l’âge
Envoie vibrer tout remords imaginé couleur bleu nuit
Croire à tout relent de perfection et parler
De tête avec sang froid fléchir le temps
Replié dans un grand verre d’eau pure
Un puzzle aux trois quarts ivre de gens

sensation

grave

en

place

utile

exige

une

implacable

fatigue

à

mesure

que

j’

admets

mon

œil

vissé

au

caractère

le

ressort

de

l’

âge

envoie

vibrer

tout

remords

imaginé

couleur

bleu

nuit

croire

à

tout

relent

de

perfection

et

parler

de

tête

avec

sang

froid

fléchir

le

temps

replié

dans

un

grand

verre

d’

eau

pure

un

puzzle

aux

trois

quarts

ivre

de

gens


dimanche 17 décembre 2023

Sur le chemin du retour

 


L'arbre est de nuit sur ciel de soir.
Le froid monte en apesanteur
des champs. Face à moi, un village
saupoudré de vieux réverbères.


lundi 11 décembre 2023

Ecriture en arborescence


Lors d'un atelier d'écriture, j'ai fait circuler la feuille ci-dessus. Elle était vierge, à part le premier mot que j'avais inscrit au niveau du tronc : "Archéologie". A tour de rôle, chaque participant devait inscrire un couple de mots entretenant un rapport, plus ou moins éloigné, avec le terme précédent. Il s'agissait de dériver du mot que j'avais choisi par des associations d'idées nous emmenant de plus en plus loin du thème initial.

Après cinq étapes, j'ai récupéré ma feuille. Mon arbre ainsi couvert de mots hétéroclites, il a fallu choisir une branche et tracer mon chemin jusqu'à la base de l'arborescence. Je suis parti du mot "Rivière", que j'ai remonté jusqu'à sa source, c'est-à-dire le premier mot que j'avais écrit, "Archéologie".

Cela donnait la liste suivante :
Rivière → Lit → Chambre → Vestiges → Archéologie
Un peu à la manière du logorallye, j'ai écrit un texte reprenant chaque élément.


        Pas très loin d'ici, dans une rivière asséchée, on découvrit un jour un lit. C'était un lit à baldaquin, mais sans matelas, sans rideau, sans oreiller. Le bois du sommier, en noyer selon les spécialistes, était en bon état de conservation. "Les termites ne vivent pas sous l'eau," nous confia un riverain qui se trouvait sur les lieux de la découverte.
        Pour comprendre la présence incongrue de ce meuble, on fit des fouilles plus approfondies. On creusa dans la vase, on défonça les berges, on fit beaucoup de trous dans le sable. On en sortit une table de chevet, une lampe, une armoire, un tapis, une descente de lit, un bureau, deux chaises. En somme, tout le mobilier d'une chambre.
        Pourquoi ces vestiges dans un ancien cours d'eau ? Des membres de l'association d'archéologie locale vinrent sur place pour enquêter. Comme nous tous, ils furent plutôt décontenancés. Un riverain, toujours le même, s'écria :
        — Cette situation me rappelle un bon mot : "Comme une rivière, les cancres aiment suivre leur cours sans quitter leur lit."
        Par le plus grand des hasards, il se trouva que la boutade n'était pas sans à-propos. De passage à l'école municipale, l'instituteur nous confirma l'absence prolongée d'un certain Dimitri : "un écolier plutôt dissipé" aux dires de l'enseignant.

        Depuis ce temps, une superstition court le pays : "Sécher les cours assèche les cours d'eau."



dimanche 3 décembre 2023

Génie, épigramme (I,4)



Je n'écris pas pour être applaudi,
Moi. Mon génie sert la cruauté.
Hautain, cheveux dressés, je dédie
Mon œuvre hideuse à l'humanité.


Vieil océan, ballade (I,9)

À Kevin Saliou                                                        Vieil océan de cristal bleu, Hématome azuré du monde Marquant la pea...