Quoi qu’on fasse, une journée
ne compte que vingt-quatre heures.
Les quatrains suivants s’en accommodent,
tous écrits en vingt-quatre mots.
Dans le jardin, le 2/06/24 à 16h13
En paillant l’allée tout enherbée
de la serre en plein soleil,
mes lunettes s’embuent de sueur
et je vois l’été double.
La Fontaine (Chaufour), le 4/06/24 à 14h38
Les chiens aboient après une guêpe
qui grésille, piégée dans la véranda.
Je l’abats d’un revers
de gant de jardinage. Quel silence !
La Fontaine (Chaufour), le 9/06/24 à 9h06
Un nuage de moucherons se forme
au-dessus d’une épuisette abandonnée.
Une abeille bourdonne dans la lavande
tandis que j’ouvre Les Misérables.
À mon bureau, le 10/06/24 à 11h58
Le visage enfoui dans mon coude
pour ne plus penser à rien,
je sens le pouls du curseur
qui clignote dans la phrase délaissée.
À mon bureau, le 11/06/24 à 9h51
J’écris en écoutant des ouvriers
travailler, remuant sable et ciment frais,
tout en gueulant des ordres inaudibles
qui, de loin, me semblent adressés.
Café du midi (Chaufour), le 12/06/24 à 10h55
Les chansons niaises à la radio,
le bruit continu des poids lourds
qui passent en couvrant les discussions
de comptoir forment une harmonie légère.
Chez L. et B.V. (Sillé), le 13/06/24 à 18h24
Sur la table de la véranda,
une nature morte : cinq petites assiettes
Bouillon Chartier, cinq éclairs au café,
deux bouteilles, cinq flûtes de cristal.
Le Biorek brestois, le 15/06/24 à 13h16
À la table voisine, un homme
drogué, maigre et les yeux jaunes,
feuillette en discutant avec son fils
un livre sur l’Égypte ancienne.
Le Hangart (Coulans), le 21/06/24 à 21h35
La fraîcheur du solstice d’été
le soir, lors d’un concert
moyen de fête de la musique,
quand le public danse de froid.
Au jardin, le 23/06/24 à 11h06
Tous les deux nous restons lire
sous le parasol, dont l’ombre
est une île à l’abri
de l’écrasante douceur de l’été.
Jardin de G. et W., le 24/06/24 à 17h26
Le balayage chantant de la faux
quand le fil de la lame
passe et repasse dans l’herbe
qui se couche en bouquets blonds.
Dans la cour, le 26/06/24 à 16h56
En frottant un brin de romarin
entre le pouce et l’index,
je lis un manuel de géologie
décrivant la formation de la lune.
La Fontaine (Chaufour), le 27/06/24 à 13h43
Il fait si chaud et lourd
que ma casquette libère un parfum :
l’odeur sucrée de la lessive
d’hier faite à la main.
Jardin Victor Hugo (Le Mans), le 28/06/24 à 16h08
Je feuillette mes achats du jour
tranquille sous un métaséquoïa de Chine.
Sur le banc, roulée en boule,
la veste oubliée d’un enfant.

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