ne compte que vingt-quatre heures.
Les quatrains suivants s’en accommodent,
tous écrits en vingt-quatre mots.
La Fontaine (Chaufour), le 02/08/24 à 14h54
Après un demi-hectare de tonte,
je fais un écart pour épargner
deux belles marguerites sur mon passage,
attendri par leurs grands yeux effarés.
Au comptoir de la sirène (Le Mans), le 03/08/24 à 10h35
Un vieux, canne à la main,
prend le soleil devant un magasin
affichant en grosses lettres « Déstockage total ».
Sa femme sort les mains vides.
d’un vert tendre et gras,
rivalisent de fraîcheur avec l’eau
de la Sarthe et ses nénuphars.
Les Rues (Coulans), le 05/08/24 à 17h20
Dans le chemin creux, le long
de la zone pavillonnaire, un bruit,
ou plutôt un chant d’oiseau
plaintif, lugubre. C’est une balançoire.
Parc du château de Courteille, le 06/08/24 à 18h44
Tapie dans l’herbe et blanche,
j’ai cru que c’était
une vesce de loup en été
cette petite coquille d’œuf fendillé.
Coco plage (Sillé), le 08/08/24 à 15h52
Un homme entouré de touristes étrangers
porte sur le bras un perroquet.
Le public lui demande l’âge
de Coco. « Forty three. » répond-il.
La Moncesière, le 09/08/24 à 13h01
Sur mon vieux pantalon de travail,
un insecte a pris pour congénère
une petite tache sur mon genou.
Leurs échanges sont de courte durée.
Château de Courteille, le 11/08/24 à 13h59
Dans un grand vase en cristal
oublié dehors, un lézard est mort.
Il a dû tomber au fond
ce matin, attiré par la rosée.
Dans mon bureau, le 12/08/24 à 11h34
Je vois passer devant ma fenêtre
l’ascension des graines de pissenlit,
des flocons portés par les courants
chauds. Il neige à l’envers.
Dans le salon, le 13/08/24 à 00h08
En rentrant tard à la maison
laissée fenêtres ouvertes pour la fraîcheur,
on retrouve au sol un criquet
et au plafond des éphémères immobiles.
Le Lude, le 15/08/24 à 15h44
Chez un brocanteur qui vendait cher,
je n’ai pris ni livre,
ni plume de calligraphie, ni rien.
J’ai acheté avec les yeux.
Forêt de Bercé, le 16/08/24 à 13h58
Aussi vieux que la Révolution française,
le chêne Lorne, avec sa souche
griffue comme un pied de poule,
a quelque chose du coq gaulois.
Par la fenêtre du salon, le 17/08/24 à 11h33
La pluie qui tombe en continu,
par gouttes égales et bien pesées
sur la bâche de la serre,
pétille comme un feu de bois.
Café Joseph (Rennes), le 19/08/24 à 10h38
Assis en terrasse d’un café
qui n’existait pas du temps
de mes années rennaises, je fixe
la nouvelle gare comme un mirage.
Bohars, le 20/08/24 à 8h40
La fenêtre ouverte à trois battants
découpe la pluie, le pin maritime
et le reflet de la lampe
en un triptyque d’inspiration japonaise.
L’Horizon sonore (Brest), le 24/08/24 à 00h03
Sur un air de guitare folk
qui sonne faux dans la musique
ambiante, un ivrogne fait des vocalises.
Au comptoir, personne ne l’écoute.
Les Liniou (au large de Lanildut), le 25/08/24 à 17h31
Devant six cormorans sur un rocher,
le pêcheur en zodiac a remonté
un lieu jaune et un maquereau
frétillant comme une feuille de saule.
Domaine des Capucins (Landerneau), le 26/08/24 à 15h44
J’étudie la démarche des visiteurs,
leur pas lent, leurs bras croisés,
leur ennui qui prend la pause,
devant les photos de Cartier-Bresson.
Au lit, le 29/08/24 à 10h18
Depuis le lit défait je regarde
sans mes lunettes le ciel flou,
blanc, nuageux. La journée m’attend
et tout reste encore à faire.

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