lundi 31 juillet 2023

Le Semainier (Juillet 2023)


Journal
PoèmeUn
Septain
Semaine
UnHepta
Syllabe
ParJour

Semaine 24, 2023

Silencieux dîner dehors
Poids du ciel chauffé à blanc
Le chêne à la cime est chauve
Gris du cambouis sur les doigts
Du blé vert plein l'horizon
Criquet pensif sur la sauge
Chatons clairs du châtaignier

Semaine 25, 2023

Halo de brume au lever
Le choucas baye aux corneilles
Marché sans penser à rien
Redormi le temps qu'il pleuve
La tête à ras bord d'images
L'été distrait ma tristesse
Plage au bassin d'eau de source

Semaine 26, 2023

Pommiers couverts de lichen
Vue du pont la rade est grise
Des rues fleuries de feux rouges
Tour du jardin au réveil
Cris d'un chat en rut la nuit
Prés parfumés par la pluie
A la fois d'attaque et calme

Semaine 27, 2023

Vieux mur cimenté de lierre
Sur le sentier des bousiers
Un rocher dans la chapelle
Pleurs d'un enfant sur la place
Poissons gobant la lumière
Temps lourd qui sur le dos pèse
Réveillé par le tonnerre


dimanche 16 juillet 2023

Podésie n°1

Un coup de dés (à coudre les vers) toujours établit le poème.




Le vent dissémine
L'air d'un temple où brille
Un dieu qui piétine
L'horloge aux aiguilles
Barrant le portique
D'un chien aux babines
Constellées de piques



(Dés tirés des jeux Rory's Story Cubes et Cyrano)

lundi 10 juillet 2023

Capreolus capreolus, Nature morte


 Nous marchons Vincent et moi
Vers Saint-Léonard-des-bois
Causant de tout et de rien
Cueillant des fruits en chemin

Nous apercevons un arbre, assez tape-à-l’œil,
« C’est un tilleul » je dis, et Vincent « Un chevreuil !
Là, couché dessous, juste à l’ombre et immobile ! »
En effet, l’animal est sur le flanc. Dort-il ?

C’est curieux, il ne s’est pas enfui à notre approche. Il aurait dû nous entendre et bondir. Le chevreuil est farouche et, d’habitude, il ne sort que le soir ou le matin. Sa patte postérieure droite reste figée en l’air, bien parallèle au sol. Son œil est grand ouvert. Il fixe quelque chose dans le feuillage. Intrigués,

Nous sautons le fossé pour passer la clôture

Le chevreuil est mort.


Vincent du bout de l’ongle appuie
Sur le sabot ongulé puis
me dit
« Rigor mortis »

Le chevreuil est là, devant nous, comme dans un muséum. Mais il est tombé de son socle en pleine campagne. Empaillé net. Empaillé vivant.
        Des mouches d’un beau vert feuille se recueillent sur son pelage qui ne frissonne plus. Elles imposent leurs pattes et font de courtes prières avant de s’envoler pour se poser à nouveau.
On n’entend qu’elles
        Tout autour l’herbe est sèche.

Notre bête est morte étranglée par le fil de la clôture. Ses bois se sont pris dedans, il a dû s’électriser. Pris de frayeur, il s’est débattu à tel point que le câble a fini par le tuer.
C’était un jeune mâle. Un brocard. En cette saison, ils migrent seuls à la recherche d’une chevrette.

Je pense à Une charogne de Baudelaire. Je pense au Dormeur du val de Rimbaud. Je me dis, Rosa Bonheur en aurait fait un tableau.
Après une rapide recherche, je m’aperçois que c’est chose faite. La toile s’appelle Un chevreuil dans la forêt. C’est comme si la peintre nous avait précédés.

Un chevreuil dans la forêt, par Rosa Bonheur (1822-1899)

Il faut croire qu'entre-temps le chevreuil a pris une autre pose, et que ses bois ont poussé.

Vincent et moi quittons le champ et

Nous repartons d’un bon pas
Vers Saint-Léonard-des-bois
Causant de tout et de rien
Cueillant des fruits en chemin


dimanche 2 juillet 2023

Le Semainier (Juin 2023)

Journal
PoèmeUn
Septain
Semaine
UnHepta
Syllabe
ParJour

Semaine 20, 2023

Figuier mort feuillu d'oiseaux
Un lièvre immobile attend
Les vieux pavés sertis d'ombre
Je creuse au cœur la fatigue
L'énergie du rire aux larmes
Cocon noir du rhinolophe
Gonds et volets : papillon

Semaine 21, 2023

Ronron du tracteur lointain
Pavot sanguin dansant seul
Bruit d'eau du vent dans les chênes
Matin de soir en plein jour
Toit blanc aveuglant d'ardoises
Douve inondée de pivoines
Paillons d'ortie les tomates

Semaine 22, 2023

L'herbe est décoiffée d'épis
Bourrasque et soleil de plomb
Murs blancs, clartés de façade
Matin : jour d'ombre étendue
Pluie de pollen d'or séché
Bestiole en vol stationnaire
Deux fleurs de courgette écloses

Semaine 23, 2023

Piano sur fond de cigales
Tranquillité travailleuse
Rumeur des rues estivales
Cloison garnie d'oisillons
Orage et guêpe en colère
Pluie rare et ciel bicolore
Lune en croissant translucide



No Surprises, sonnet irrationnel* (d'après la chanson de Radiohead)

Le cœur plein comme un dépotoir, Tu te tues au travail. Le soir, Ton eczéma t’irrite encore Sans t’alarmer, sans te surprendre. Le matin, le...