samedi 14 janvier 2023

L'Extravivant

    Il rampe, ou il marche, ou il nage. On sait qu’il existe quelque part, ailleurs, sur un lointain corps céleste. Il y est parfaitement seul et unique, ni tout à fait mort, ni tout à fait vivant.

    Quand il n’est pas pris dans la glace de sa planète morte, il remue la poussière d’un sol brûlant. Tout ce qu’il laisse derrière lui ce sont des sillons, des canaux, des canyons à des années-lumière de la Terre.

"Ailleurs, sur un corps céleste." (vue d'artiste)

    Quelle taille peut-il bien faire ? Difficile à dire. On sait qu’il n’aime pas boire et qu’il ne mange pas. Les pores de sa peau couleur cendre absorbent des substances cuites et recuites par quelque soleil inconnu.

"Les pores de sa peau couleur cendre." (vue d'artiste)

    Il sait ce qu’il fait sans y penser. Il est le plus souvent immobile, pareil à une roche. Il sait bien que sa place est infime dans l’univers.

    Il mue avant chaque ère glaciaire et sa peau est neuve quand revient l’impossible été. Le reste du temps, il survit. Il est seul. Il avance pour faire le tour de son monde, de ce monde dont il est le seul habitant.

"Il mue avant chaque ère glaciaire." (vue d'artiste)

    Parfois il se morcèle, ça lui est déjà arrivé. C’est sans importance. Il ne voit pas où est le problème. Il ne voit pas. Il est aveugle. Il respire, il avance, il continue. Il n’a pas besoin d’en faire plus. Pour quoi faire ?

"Parfois il se morcèle." (vue d'artiste)

    Il sait qu’il est quelque part depuis longtemps et puis c’est tout. Il s’en accommode. Il passe ses journées à se faire une raison. Selon les températures, le temps se dilate ou se rétracte. Les heures du jour et de la nuit sont tantôt longues, tantôt courtes. Il dort un peu, il veille un peu. Il fait avec.

    Il pense à peine. Il respire. Il fait bloc. Il a son monde à lui, loin, très loin du nôtre, qu’il parcourt en rampant, en marchant, en nageant. Qu’importe. C’est l’extravivant.

"C'est l'extravivant." (vue d'artiste)


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