mercredi 8 septembre 2021

Le Fleuve, rondeau




Un fleuve va      fourbu
De son eau grisâtre     à peine et sans force
Un léger courant trouble sa face

Il raye la ville qui s'étoile autour
Et puis sa crue renfle et se gonfle de part en part jusqu'aux berges

L'eau relie les villes par ses ponts
Sans faire du tout collier ni boucle ni droite
Jusqu'à la mer
Tout au fond l'étendue de vase est un restant d'atrocités qui
Bues et rebues
S'arrangent et croupissent sans nombre
L'eau n'achève sa course que pour l'emporter sur les cadastres qu'elle exagère
L'air      lui     fait des efforts
Il plisse au moins les effets du sort quand elle appuie son bras de mer
Sur ses rives      et se dégage

Il y a      tout du long     des arbres qui frémissent
Les racines bec dans l'eau pleines d'algues

L'eau veut un ruban bleu
Plié à plat
 D'inégale largeur et qui parcourt sans se lasser son lit d'usures
Après     sillon vallonné sans volonté
Qui fluctue à mesure que sa pente de loin en loin le remue

Pas de limon sitôt tombé de la source à l'estuaire
Flottaison qui n'est pas sûre
Chahutée      sans roulis      étroit marque page entre deux terres
Caduque
Dans la flore
Pas d'abandon ni de rupture
Le fleuve est entré sans arrêt du matin au soir   et toujours
Dans la ville
Il est l'entrain      il répète mais sans rythme
Il veut     il couche un mouvement continu
Concentré
Comme un millier d'hommes sur sa fuite
Un cours d'eau suit sa route
Comme la pluie sait le bas     la terre et les flaques
La rivière saboule les roches du galet au sable fin
Les herbes montrent la direction
Peignées mouillées     en boules par le courant
Les alevins se frayent un chemin et s'en retournent sans voir
Il y a     renfoncé
Un amas de choses indistinctes
Rassurant de faune et de noir pour qui veut s'y fixer

Immobile     un pépiement de lumières
Avance et ressasse     de l'ombre par endroits
Sans rien piquer     le fleuve enrobe
Et détache     des monceaux d'arbres morts
Poussant les branches dans ses retranchements

Au fond      la rivière fait couler son génie de boue vieille
Le courant est une furie lasse qui sert au vif des flots
Eau     qu'importe le tronçon qu'on choisit
Les rus ruissellent
Dessous les frondaisons     épaissies par les ronces
D'où pourrissent des troncs qui surnagent
Le tout sans s'échapper
S'applique sur un sable qui lutte et se courbe
Contre le poids du fleuve
C'est la sueur au milieu du dos
Et sa propre gargouille c'est le courant qui va vers l'aval vers ses bestiaux de pierre
Les ports sculptés gueule ouverte pour singer la mer
Le regard vide
Bien qu'un fleuve
L'émeuve

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