dimanche 14 décembre 2025

Volume horaire, mars 2025 (11/12)



Quoi qu’on fasse, une journée 
ne compte que vingt-quatre heures. 
Les quatrains suivants s’en accommodent, 
tous écrits en vingt-quatre mots.
 
 

La Moncesière (Coulans), le 03/03/25 à 12h23        

Le soleil scintille sur la bâche
en plastique noire couverte de pneus,
comme sur une mer d’huile
où flotteraient des bouées de sauvetage.


Jardin du presbytère (Coulans), le 05/03/25 à 10h38        

Du vieux puits rempli de ronces
sortent des scolopendres langue-de-cerf.
Assis sur la margelle, nous buvons
un café, noir comme le vide.


Belle Vue (Coulans), le 07/03/25 à 15h21        

Passant anonyme dans les allées anonymes
des résidences, marchant sur la mousse
des chemins, caché par les haies,
couvert par le bruit des tondeuses.


Au jardin, le 08/03/25 à 14h14        

Le gel a brisé avec art
les pots en argile des pêchers.
Il a laissé dans l’herbe
ces pétales de terre cuite fracturée.


La Mine (L’Huisserie), le 09/03/25 à 15h14        

Les pieds dans un parterre fleuri
de violettes sauvages, Maman et moi
mangeons des nombrils de Venus cueillis
sur l’écorce d’un robinier.


Au jardin, le 10/03/25 à 14h02        

Du bois entassé sous le tilleul
comme un bûcher. Juste à côté,
une jonquille y met le feu
de son jaune vif et tendre.


Chemin de Courteille (Coulans), le 12/03/25 à 18h43        

Alors qu’on remonte la côte,
un chevreuil nous observe au loin.
Un autre le rejoint. Ils cavalent
sous une avalanche de prunelliers fleuris.


Fenêtre de la cuisine, le 13/03/25 à 14h07        

Mieux qu’un seau à Champagne,
le rebord de la fenêtre où
sont alignées nos bouteilles en verre
rafraîchies par une averse de grêle.


BNF (Paris), le 14/03/25 à 11h58        

Salle de pause, d’attente ou
d’étude ? Les gens y dorment,
y patientent et y travaillent. Silence
du sommeil. Silence impatient. Silence laborieux.


Dans la cuisine, le 15/03/25 à 9h45        

Un briquet, des miettes, le journal
ouvert sur les mots fléchés remplis
au bic bleu et du soleil
sur la table. Tant de repos...


La Fontaine (Chaufour), le 17/03/25 à 14h07        

Après une demi-heure de débroussailleuse,
me voilà chaussé de tonte fraîche,
parfumé à la Marline pour moteur
deux temps et poudré de verdure.


La Moncesière (Coulans), le 19/03/25 à 14h49        

Visser les brides pour y glisser
les pannes métalliques de la serre.
La structure est parallèle aux traînées
blanches d’un avion de ligne.


La Fontaine (Chaufour), le 21/03/25 à 14h35        

À peine un peu de pluie
sur le velux humecte le verre
et dessine ces petites feuilles rondes
sur le chêne aux branches nues.


Au lit, le 22/03/25 à 00h23        

Quand la fatigue tombe à poings
fermés, il faut baisser la garde.
Le corps et l’esprit trouvent
un nouvel accord dans le sommeil.


Dans la cuisine, le 23/03/25 à 10h34        

La fenêtre ouverte, l’air neuf
rentre, chargé de chants d’oiseaux.
Ce parfum du matin vaut bien
le goût de l’eau pure.


Dans la cuisine, le 24/03/25 à 10h07        

J’écoute l’album de blues
The London Howlin’ Wolf Sessions
et,
dehors, un oiseau improvise en chantant
à tue-tête un solo déchirant.


La Géberdière (Chaufour), le 25/03/25 à 13h22        

Dans le fossé, une mare temporaire
s’est formée, pleine d’algues
d’eau douce et de plantes aquatiques.
Le redoux annonce la marée basse.


La Moncesière (Coulans), le 27/03/25 à 10h53        

Ce ciel bleu émietté par terre,
ces confettis d’azur dispersés partout
entre les choux et les salades
sont des granulés contre les limaces.


La Moncesière (Coulans), le 28/03/25 à 15h33        

Passer le balai dans la salle
de vente encore déserte en écoutant
à la radio La Marche funèbre
de Chopin et trouver ça vivifiant.


La Matière (Chaufour), le 31/03/25 à 13h17        

Les pentes enherbées des grands fossés,
comme des cascades de fleurs printanières,
moussent dans l’écume des stellaires
qui se déversent dans l’ombre.
 
 

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Volume horaire, mars 2025 (11/12)

Quoi qu’on fasse, une journée  ne compte que vingt-quatre heures.  Les quatrains suivants s’en accommodent,  tous écrits en vingt-quatre...