Quoi qu’on fasse, une journée
ne compte que vingt-quatre heures.
Les quatrains suivants s’en accommodent,
tous écrits en vingt-quatre mots.
ne compte que vingt-quatre heures.
Les quatrains suivants s’en accommodent,
tous écrits en vingt-quatre mots.
La Moncesière (Coulans), le 03/03/25 à 12h23
Le soleil scintille sur la bâche
en plastique noire couverte de pneus,
comme sur une mer d’huile
où flotteraient des bouées de sauvetage.
Jardin du presbytère (Coulans), le 05/03/25 à 10h38
Du vieux puits rempli de ronces
sortent des scolopendres langue-de-cerf.
Assis sur la margelle, nous buvons
un café, noir comme le vide.
Belle Vue (Coulans), le 07/03/25 à 15h21
Passant anonyme dans les allées anonymes
des résidences, marchant sur la mousse
des chemins, caché par les haies,
couvert par le bruit des tondeuses.
Au jardin, le 08/03/25 à 14h14
Le gel a brisé avec art
les pots en argile des pêchers.
Il a laissé dans l’herbe
ces pétales de terre cuite fracturée.
La Mine (L’Huisserie), le 09/03/25 à 15h14
Les pieds dans un parterre fleuri
de violettes sauvages, Maman et moi
mangeons des nombrils de Venus cueillis
sur l’écorce d’un robinier.
mangeons des nombrils de Venus cueillis
sur l’écorce d’un robinier.
Au jardin, le 10/03/25 à 14h02
Du bois entassé sous le tilleul
comme un bûcher. Juste à côté,
une jonquille y met le feu
de son jaune vif et tendre.
Chemin de Courteille (Coulans), le 12/03/25 à 18h43
Alors qu’on remonte la côte,
un chevreuil nous observe au loin.
Un autre le rejoint. Ils cavalent
sous une avalanche de prunelliers fleuris.
Fenêtre de la cuisine, le 13/03/25 à 14h07
Mieux qu’un seau à Champagne,
le rebord de la fenêtre où
sont alignées nos bouteilles en verre
rafraîchies par une averse de grêle.
BNF (Paris), le 14/03/25 à 11h58
Salle de pause, d’attente ou
d’étude ? Les gens y dorment,
y patientent et y travaillent. Silence
du sommeil. Silence impatient. Silence laborieux.
Dans la cuisine, le 15/03/25 à 9h45
Un briquet, des miettes, le journal
ouvert sur les mots fléchés remplis
au bic bleu et du soleil
sur la table. Tant de repos...
La Fontaine (Chaufour), le 17/03/25 à 14h07
Après une demi-heure de débroussailleuse,
me voilà chaussé de tonte fraîche,
parfumé à la Marline pour moteur
deux temps et poudré de verdure.
La Moncesière (Coulans), le 19/03/25 à 14h49
Visser les brides pour y glisser
les pannes métalliques de la serre.
La structure est parallèle aux traînées
blanches d’un avion de ligne.
La Fontaine (Chaufour), le 21/03/25 à 14h35
À peine un peu de pluie
sur le velux humecte le verre
et dessine ces petites feuilles rondes
sur le chêne aux branches nues.
Au lit, le 22/03/25 à 00h23
Quand la fatigue tombe à poings
fermés, il faut baisser la garde.
Le corps et l’esprit trouvent
un nouvel accord dans le sommeil.
Dans la cuisine, le 23/03/25 à 10h34
La fenêtre ouverte, l’air neuf
rentre, chargé de chants d’oiseaux.
Ce parfum du matin vaut bien
le goût de l’eau pure.
Dans la cuisine, le 24/03/25 à 10h07
J’écoute l’album de blues
The London Howlin’ Wolf Sessions et,
dehors, un oiseau improvise en chantant
à tue-tête un solo déchirant.
La Géberdière (Chaufour), le 25/03/25 à 13h22
Dans le fossé, une mare temporaire
s’est formée, pleine d’algues
d’eau douce et de plantes aquatiques.
Le redoux annonce la marée basse.
La Moncesière (Coulans), le 27/03/25 à 10h53
Ce ciel bleu émietté par terre,
ces confettis d’azur dispersés partout
entre les choux et les salades
sont des granulés contre les limaces.
La Moncesière (Coulans), le 28/03/25 à 15h33
Passer le balai dans la salle
de vente encore déserte en écoutant
à la radio La Marche funèbre
de Chopin et trouver ça vivifiant.
La Matière (Chaufour), le 31/03/25 à 13h17
Les pentes enherbées des grands fossés,
comme des cascades de fleurs printanières,
moussent dans l’écume des stellaires
qui se déversent dans l’ombre.

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