lundi 12 février 2024

Souffleuse à feuilles



C’est un râteau sans dents
qui sans jamais toucher le sol balaie les feuilles.

J’enfile un casque anti-bruit de chantier.
La machine est bruyante.
Le son étouffé du rotor se change en houle
et, dans la marée de l’automne,
j’avance.

Je ratisse au courant d’air
l’humus et le gravier fin
qui s’en vont par faisceaux d’or
ou bien par vague, en roulant.

Je deviens le bras droit de la bourrasque,
braquant l’air impétueux
sur tout ce qui se racornit,
sur tout ce qui se recoquille,
sur tout ce qui déjà brunit,
avant que tout ne s’éparpille
dans les allées du grand jardin.

La souffleuse est fouisseuse.
Son embout comme un groin
a trouvé sous la mousse
des glands qui ont germé.

J’éteins la souffleuse et j’entends la mer :
le ressac
a remplacé la houle
dans mon casque.

Je remise à l’intérieur
la rallonge et l’enrouleur
près de la souffleuse à feuilles.
Je leur préfère
le râteau japonais, les gants et la poubelle
dans laquelle on tasse au pied
ces kilos de balayures.

Le lendemain
le vent se lève
et tout est à refaire.

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