À ma sœur, Alice
La gare est un cadran
de trains bien aiguillés
Où toute horloge entraîne
un va et vient de lignes
Sur un réseau de rails.
L’acier mouvant des rames,
Sans charbon ni vapeur,
joue sous les caténaires.
Points, stations, raccourcis, tissu d’intersections.
Aux échangeurs les
rails ont recroisé le fer.
Orage aigu des freins aux
abords des quais pleins
D’humains massés à la
descente, à la montée :
Quand tous ont leur place
assise au siège assigné,
Leur pied reste à la
gare et l’autre au loin se pose.
Correspondance,
entracte, interlude au départ,
Noyés dans des rouleaux
d’écrans publicitaires.
Depuis l’embarcadère
aux murs battus de tags,
L'écho vif d'un sifflet
retentit dans le hall.
Un long convoi s’élance
et longe en file indienne
Ces étroits talus verts
où pousse en contrebas
Un jardin zen jonché de ballast et de pierres.
De pylône en pylône, à
travers la campagne,
L’énergie fluide
abonde et gagne en bout de course
Contre un train qu’elle
anime en courant continu.