Quoi qu’on fasse, une journée
ne compte que vingt-quatre heures.
Les quatrains suivants s’en accommodent,
tous écrits en vingt-quatre mots.
Entre le vert sombre des prairies
et le gris couvert du ciel,
l’œil s’arrête avec délice
sur les fruits rouges des églantiers.
Un ciel bleu flamme de gaz.
À l’horizon, des brûleurs roses.
Une couche de givre est tombée
de tout son poids de plume.
Ces grandes flaques dans les champs,
ce ciel vide et ces arbres
tout gris, ton sur ton, uniformes.
Un panorama en cul-de-sac.
Sous les peupliers trembles, la route
est maculée d’étoiles blanches délavées
par la pluie. Les étourneaux ont
dessiné un ciel terre-à-terre.
La bruine est tressée de pluie.
Elle suspend un collier de perles
à la vitrine de la fenêtre,
cette joaillerie pour bijoux de grisaille.
Le chant assourdi d’un oiseau
répond à la machine à café
qui chuinte, qui glougloute et soupire.
L’oiseau a le dernier mot.
Des marelles tracées à la peinture
jaune sur le goudron tout crevassé.
Aucun lieu ne paraît plus morne
qu’une cour d’école déserte.
Au loin, le champ est sillonné
par les ombres parallèles des pins
noirs d’Autriche. Le soleil rasant,
ce fin laboureur de la lumière.
J’ai retrouvé dans un bocal
des bonhommes en pâte à modeler
que j’avais faits tout jeune.
Je garde mes souvenirs en conserve.
sur la grande palissade du jardin
pour regarder comme depuis un gradin
les parterres à l’avant-scène.
Le vent pluvieux fait des vagues,
de l’écume dans les branches
et, dans l’oreille, j’entends
la mer si loin des côtes.
Les crocus dans leur pot bleu
germent comme des crayons de couleur
vert feuille aux mines bien taillées.
Le dessin fleurira dans quelques jours.
Il pleut tant que le chemin
semble se jeter dans le ciel
comme un fleuve dans la mer.
L’air est poissonneux d’oiseaux.
À travers la haie de troènes
couverte de fruits noirs en grappes,
on aperçoit du gui bien vert,
là-bas, dans les grands peupliers.
La Sarthe déborde sur les chemins
de halage. L’eau couleur sable,
les mouettes et le phare miniature
ont tout d’une grande marée.






